Phase de Developpement du PPP – Choix entre différentes options
11.2 Quels sont les principaux processus de cette étape
?
En règle générale, les processus impliqués
dans le choix des différentes options du PPP peuvent être
illustrés par les procédures suivantes :
- 1. Définition des différents modes d’organisation
possibles
- 2. Mise au point d’un cadre régissant le partenariat
- 3. Identification des principales formes de PPP possibles
- 4. Étude de faisabilité du PPP
1. Définition des différents modes d’organisation
possibles
La définition du cadre organisationnel du partenariat représente
une étape importante du processus décisionnel. Pour
le définir, la municipalité doit se demander quel
type de cadre peut lui permettre d’atteindre ses objectifs
en fonction des opportunités et des contraintes spécifiques à sa
situation.
Il faut inciter les municipalités à comparer différents
modes d’organisation afin de déterminer quel est le
meilleur moyen d’atteindre leurs objectifs. Différents
modèles peuvent être utilisés, notamment les
suivants :
A. Modèle du contrat direct
Le secteur privé signe directement un contrat avec la municipalité.
B. Modèle du service public
La municipalité crée une entreprise de service public
indépendante (« utilité ») à laquelle
elle confie la gestion du service concerné. La municipalité signe
un contrat avec l’entreprise de service public, qui à son
tour signe un contrat de gestion avec un opérateur privé.
Ce cadre organisationnel débouche sur une série de
relations contractuelles au plus haut niveau, complétée
par des contrats auxiliaires pour la fourniture du service concerné.
C. Modèle de la coentreprise ou joint venture
Les partenaires des secteurs public et privé détiennent
conjointement la propriété des actifs du système
et assument ensemble la responsabilité de la fourniture
des services. Les deux partenaires peuvent soit constituer une
nouvelle société, soit se partager la propriété d’une
société existante. La coentreprise crée une
nouvelle entité pour mettre en œuvre différents
types de structures de projet.
D. Modèle du contrat conclu au niveau de la communauté
La municipalité délègue son rôle à la
communauté. Dans certains cas, la municipalité n’a
aucune relation contractuelle avec la communauté ; cependant,
grâce à un programme structuré de transition,
cette dernière noue des relations contractuelles avec le
secteur privé. Un développement important des capacités
de la communauté peut être nécessaire pour
s’assurer de la viabilité de ce cadre organisationnel.
E. Modèle du regroupement ou « bundling »
Ce modèle consiste à regrouper des composantes ou
des fonctions en vue d’étendre la portée du
contrat. Par exemple, une municipalité peut contacter les
municipalités avoisinantes pour déterminer si elles
ont intérêt à présenter leurs problèmes
sous forme « groupée ». Il peut s’agir
de contrats dans le cadre desquels les municipalités se
regroupent : pour attirer le secteur privé ; pour introduire
des économies d’échelle impossibles dans des
municipalités plus petites ; ou encore pour partager des
coûts de transaction élevés.
F. Modèle du dégroupement ou « unbundling »
Ce modèle consiste à séparer des composantes
d’un secteur de services. Un service « dégroupé » peut
permettre d’adopter une gamme d’options de fourniture
de services et être une bonne stratégie en vue d’une
implication du secteur privé. Le fait de scinder un secteur
de services en plusieurs parties peut permettre aux municipalités
de garder le contrôle des fonctions les plus controversées,
ou encore de faire participer divers partenaires et de mettre à profit
les actifs locaux existants.
2. Mise au point d’un cadre régissant le partenariat
Dès que la municipalité a approuvé un mode
d’organisation, elle doit décider d’une stratégie
générale et choisir entre différentes options
contractuelles pour développer le cadre du partenariat durant
le processus.
Les principaux éléments du partenariat doivent être
définis, discutés et approuvés, ce qui suppose
de prendre en compte certains aspects déjà étudiés, à savoir
:
- la définition d’objectifs réalistes
;
- la définition des principes de base du partenariat
;
- la mise au point du programme de transition ;
- la définition de la portée et des fonctions
du contrat ;
- l’identification des principaux partenaires, de leurs
rôles et de leurs relations ;
- la définition des niveaux de service, et de l’approche
destinée à cibler les personnes démunies
;
- l’identification des mécanismes potentiels
de financement ;
- la définition du cadre juridique et réglementaire
; et
- l’identification des principaux risques

3. Identification des principales formes de PPP possibles
Dès que la municipalité a choisi le mode d’organisation
et une stratégie de développement du partenariat,
elle peut passer à l’étape suivante, qui consiste à sélectionner
une option contractuelle et éventuellement formaliser ensuite
le cadre organisationnel.
Les principales options du PPP peuvent être définies
clairement selon la répartition des responsabilités
pour des fonctions telles que : la propriété des
actifs ; le niveau de responsabilité et d’autonomie
déléguées au secteur privé ; l’investissement
en capital requis ; la régulation ; la durée du contrat
; et, enfin, la relation contractuelle avec l’usager.
À l’une des extrémités du spectre,
on trouve l’option d’un secteur entièrement
public, où l’État est responsable de toutes
les étapes de la fourniture du service concerné. À l’autre
extrémité du spectre, on trouve les cas où l’État
délègue totalement la responsabilité du service
au secteur privé, et ne conserve que ses rôles de
facilitateur et d’autorité de régulation. Entre
ces deux extrêmes, il existe pléthore d’autres
possibilités. Le choix d’une option spécifique
s’effectue en s’appuyant sur une analyse approfondie,
décrite plus loin dans ce module.
Différents pays ont adopté différentes options
contractuelles pour leurs partenariats public-privé. Dans
la pratique, ces contrats sont souvent hybrides ou combinent plusieurs
options de base : contrats de services et de gestion ; contrats
d’affermage ; contrats de concession ; contrats de BOT (Build-Operate-Transfer)
; ou transfert total de propriété par cession [voir également
Schéma 11-1].
A. . Contrats de service
Un contrat de services est un contrat simple attribué à une
société privée pour la réalisation
de tâches données comme, par exemple, l’installation
de compteurs ; le contrôle de pertes ; la réparation
des canalisations ; ou le recouvrement des comptes. Les contrats
de ce type sont généralement conclus pour de brèves
périodes – de six mois à deux ans. La coordination
des tâches incombe aux gestionnaires des services publics.
Ces contrats ne permettent pas de remédier à une
situation de mauvaise gestion du service public ou de non recouvrement
des coûts.
B. Contrats de gestion
Un contrat de gestion est une forme plus complète de contrat
de service. Dans le cadre de ce type de contrat, l’autorité publique
désigne un opérateur privé pour gérer
tout ou partie de l’exploitation.
Le contrat de gestion le plus simple se résume au versement
d’un montant forfaitaire en échange de l’exécution
de certaines tâches managériales. D’autres formes
de contrat plus complexes peuvent conditionner ce versement à la
réalisation des objectifs de performance. Les autorités
publiques doivent décider si le surcoût réglementaire
lié à la fixation et au contrôle des objectifs
en question permet d’atteindre les niveaux d’efficacité souhaités.
Les contrats de gestion ne constituent pas une solution appropriée
si l’État souhaite faire de nouveaux investissements.
L’entreprise privée prend peu ou pas de risque commercial.
Elle n’a par conséquent aucun intérêt à réduire
ses coûts ou à améliorer la qualité du
service fourni.
En revanche, le contrat de gestion est une formule qui peut s’avérer
utile dans le cadre d’un PPP pour lequel :
- le cadre réglementaire doit être modifié ;
- les tarifs sont trop bas et l’État doit disposer
de temps pour mettre au point un système de subventions
;
- les parties prenantes ne sont pas encore convenues du
rôle que doit jouer le secteur privé à long
terme ; ou
- le pays n’a aucune expérience en matière
de partenariats public-privé.
C. Contrats d’affermage
Dans le cadre d’un contrat d’affermage, une entreprise
de service public confie à un opérateur privé l’intégralité de
l’exploitation et de la maintenance de ses installations
pour une zone géographique et une durée données.
Comme le preneur à bail achète effectivement les
droits sur les revenus provenant de l’exploitation du service
public (déduction faite du montant du bail), il assume une
bonne partie du risque commercial afférent. Lorsque le contrat
d’affermage est bien structuré, la rentabilité du
preneur à bail dépend de sa capacité à réduire
les coûts (tout en respectant les critères de qualité stipulés
dans le contrat d’affermage). Il a donc tout intérêt à améliorer
son efficacité opérationnelle.
L’État conserve la responsabilité du financement
et de la planification des investissements. Par conséquent,
si d’importants investissements sont nécessaires,
l’État doit lever les fonds et coordonner son programme
d’investissement avec le programme opérationnel et
commercial de l’opérateur. Il est possible qu’une
entreprise privée n’accepte le bail que si l’État
assure l’investissement adéquat. Un contrat d’affermage
impose aux autorités publiques une charge réglementaire
presque équivalente à celle d’un contrat de
concession. Un contrat d’affermage est la solution la mieux
adaptée lorsqu’il existe une marge importante d’amélioration
de l’efficacité opérationnelle et que les besoins
ou les perspectives de nouveaux investissements sont limités.

D. Contrats BOT
Dans le cadre d’un contrat BOT (Build-Operate-Transfer,
construction, exploitation et transfert) ou d’un contrat
BOOT (Build-Own-Operate-Transfer, construction, propriété,
exploitation et transfert), le secteur privé conçoit,
construit et exploite des installations tout en fournissant des
prestations aux entreprises de service public de la municipalité ou
de l’État. Contrairement aux contrats d’affermage,
les contrats de type BOT font supporter une part plus importante
du risque commercial de certains projets spécifiques aux
entreprises privées plutôt qu’à l’État.
Un contrat BOT est semblable à un contrat de concession, à cette
différence près que l’entreprise privée
investit dans la construction de l’installation et l’exploite
pour une durée donnée, généralement
plusieurs décennies. L’État ou le service public
chargé de la distribution, rémunère l’opérateur
pour la prestation (fourniture d’eau ou d’électricité,
par exemple) à un tarif couvrant les coûts de construction
et d’exploitation, plus un taux de rendement raisonnable
du capital investi. Le service public doit payer la totalité de
l’eau ou de l’électricité produite, même
si elle n’est pas utilisée dans son intégralité.
Le service public chargé de la distribution ou l’État
supporte donc le risque lié à la demande.
E. Contrats de concession
Le contrat de concession combine certains éléments
du bail d’exploitation pour les actifs existants avec certaines
caractéristiques du contrat BOT pour les installations nouvelles.
Dans le cadre d’un contrat de concession, un opérateur
privé se voit attribuer le droit contractuel d’utiliser
l’infrastructure existante pour approvisionner des usagers
et pour financer et gérer l’ensemble des extensions
de capital/besoins en capitaux supplémentaires et des améliorations
apportées aux services existants. C’est la raison
pour laquelle ces contrats sont généralement d’une
durée supérieure à celle des contrats d’affermage,
de manière à permettre à l’opérateur
de recouvrer ses coûts en capital et ses coûts de financement.
En règle générale, dans un contrat de concession,
le maître d’œuvre et les opérateurs ont également
le droit de fournir des services directement aux consommateurs.
Dans le cadre de ces contrats, la responsabilité des investissements,
ainsi que celle de l’exploitation et de la maintenance des
installations, incombe au service public. L’État demeure
cependant propriétaire des actifs. L’ensemble des
actifs, y compris les installations construites par le partenaire
privé, devient propriété publique à l’expiration
du contrat de concession, soit généralement après
25 à 30 ans. Le contrat de concession est, en règle
générale, attribué au soumissionnaire privé qui
propose d’exploiter le service et de réaliser les
investissements demandés tout en facturant les tarifs les
plus bas.
Ces contrats sont intéressants si d’importants investissements
sont nécessaires pour étendre ou améliorer
les services. Cependant, l’État se charge d’administrer
l’ensemble du projet, ce qui implique une lourde responsabilité.
La qualité de la régulation est essentielle dans
ce type de contrats, car elle permet d’atteindre le meilleur
compromis entre la fourniture aux usagers d’un service optimal
au meilleur prix et la garantie d’un bénéfice
pour le concessionnaire.
F. Cession
Tout comme le contrat de concession, le dessaisissement complet
octroie au secteur privé toute la responsabilité de
l’exploitation, de la maintenance et de l’investissement.
Cependant, contrairement à une concession, le dessaisissement
transfère la propriété des actifs au secteur
privé. L’État est donc uniquement responsable
de la régulation, la société privée
ayant l’entière responsabilité de la gestion
de ses actifs. L’autorité de régulation exigera
d’une société de distribution d’eau qu’elle
lui rende des comptes quant à l’exploitation de ses
actifs.
Le dessaisissement peut se faire par la vente d’actifs,
la cession d’actions ou le rachat de la société par
ses dirigeants (MBO ou management buy-out). Il fonctionne mieux
dans un environnement où il existe depuis longtemps des
services financiers fiables. À ce jour, cette méthode
n’est utilisée qu’en Angleterre et au Pays de
Galles, bien que la distribution d’eau aux États Unis
soit depuis de nombreuses années entre les mains de sociétés
privées.

4. Étude de faisabilité du PPP
Le choix de la forme de PPP la plus viable pour un pays/une municipalité donné(e) à un
moment précis de son histoire dépendra de plusieurs
facteurs, notamment (cette liste étant non exhaustive) :
- le soutien ou l’absence de soutien de l’État
et de la communauté concernant une participation du secteur
privé ;
- la nature du problème considéré – manque
de fonds à investir, manque d’expertise, mauvais fonctionnement
des mécanismes de recouvrement des coûts, mauvaise
qualité du service fourni, inefficacité de la politique
de réduction de la pauvreté, etc. ; ou
- les capacités existantes de la municipalité ou
du secteur privé en matière de ressources humaines,
de développement organisationnel ou de cadre réglementaire.
L’étude de faisabilité doit fournir une information
claire concernant tous les facteurs existants ou prévus,
susceptibles de jouer en faveur ou en défaveur de la mise
en œuvre des différentes options pour le PPP.
L’étude de faisabilité des différentes
formes de PPP fait intervenir les éléments suivants
:
- l’analyse de l’engagement des autorités
publiques et du soutien de la communauté en faveur d’une
option donnée ;
- un contrat légal détaillé et négocié ;
- un solide cadre réglementaire et institutionnel
; et
- l’analyse de l’état actuel du service
concerné, de la réglementation en vigueur, de la
faisabilité financière et des risques associés.
Il convient cependant de garder à l’esprit le fait
que la qualité du contrat écrit sera un facteur déterminant
de la réussite ou de l’échec des différentes
formes de PPP possibles. Un contrat bien conçu devra, entre
autres, prévoir la manière dont seront répartis
les différents risques.
